Crise ou pas, avec le vieillissement accéléré de sa population, le Québec aura plus de 700 000 emplois à combler d'ici à 2012. La solution passe par une hausse de l'immigration. A ce titre, tous les francophones se retrouvent favorisés, mais les Français "bien scolarisés ou ayant un profil professionnel rencontrant nos besoins constituent un bassin de choix", souligne Yolande James, ministre de l'immigration et des communautés culturelles.
Sur le même sujet L'immigration est, selon la ministre, un "levier majeur de développement économique, social et culturel". Elle-même fille d'immigrants antillais, âgée de 32 ans, elle devait présenter le "modèle" québécois à Paris, lundi 14 septembre, lors d'un colloque organisé par son homologue français Eric Besson.
Le Québec "choisit" davantage ses candidats à l'immigration que d'autres Etats, grâce à une grille de sélection serrée, où âge, profession, études, formation et connaissance du français entrent en ligne de compte. La province a accueilli 45 000 immigrants en 2008, et cherche à en attirer 50 000 en 2009, puis en 2010, ce qui n'est pas si simple. Mme James admet qu'"il y a une course pour attirer les meilleurs", mais estime que le Québec est bien placé en termes de "qualité de vie, de systèmes d'éducation et de santé, et de programmes de conciliation travail-famille".
Montréal a depuis longtemps une politique axée sur la pérennité de la langue française, l'accès à l'emploi et le rapprochement interculturel qui a fait ses preuves. "Il faut faire tomber les barrières, dont celle de la langue", souligne la ministre. Pas de problème avec les francophones, qui constituaient 14 % des immigrants en 2008 ; Algériens, Français et Marocains en tête. Pour les autres, le gouvernement québécois a renforcé, en 2008, la "francisation" des candidats à l'immigration déjà sélectionnés, via des cours de français en ligne, dans les Alliances françaises ou les écoles des pays d'origine.
A l'arrivée, des cours de français sont aussi offerts. La ministre a également dévoilé en 2008 un plan d'action sur la diversité, conçue comme une "valeur ajoutée à l'essor du Québec", avec des actions auprès des jeunes, des policiers et des communautés culturelles, sans oublier les entreprises, pour contrer les préjugés. "On doit favoriser partout le rapprochement interculturel, le "vivre ensemble"", note Mme James.
Profils recherchés
L'intégration en matière d'emploi n'est toutefois pas toujours aisée. En juin, la ministre a ouvert une voie rapide d'immigration pour les étudiants étrangers, les travailleurs temporaires spécialisés et ceux dont le profil professionnel est recherché, comme les bouchers, plombiers, infirmiers ou ingénieurs. Encore faut-il que leurs compétences soient reconnues.
Le Québec et la France ont signé en 2008 un accord de "reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles". Le travail est bien avancé pour sept professions (ingénieurs, architectes, avocats, comptables...) et onze "métiers" réglementés de la construction ou de la mécanique, mais les négociations sont plus lentes pour d'autres. Les deux parties comptent toujours voir ces reconnaissances mutuelles s'appliquer début 2010.
Anne Pélouas
Fonte:
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/09/12/le-quebec-veut-attirer-les-migrants_1239517_3222.html